FANOR

 

« J’accueille enfin mes héros… Deux remarquables recrues de premier choix… Le Gantelet a bien fait son œuvre. Pourtant, je sens qu’ils peuvent encore m’échapper, alors que je les attends depuis si longtemps. Cette fois-ci, je ne serais pas en mesure de les retenir, mais je suis patient… »

ARAWN, Dieu de la Mort, pensée vagabonde.

 

 

Mort ! Trahison ! Déception ! Tels sont les mots qui résument ce qui arriva dans les ruines de Fanor.

 

GIL ! Celui qui croyait le plus ardemment en la prophétie, celui qui annonçait le retour des Dieux Celtes, celui qui avait le plus confiance en la personne du Duc Bragonde et qui mourut de sa main…

 

Tout commença après que l’Empereur ait « selectionné » ceux qu’ils jugeaient dignes de devenir des hérauts de la destruction. Ceux qui furent refoulés tentèrent de pénétrer dans l’enceinte des ruines de Fanor, mais les morts d’Arawn apparurent de plus en plus nombreux et bloquèrent la progression des aventuriers. Après cet interlude, les Choisis continuèrent entre les rues silencieuses de Fanor la maudite, sous les regards inexpressifs des morts.

 

Pendant ce temps, les Exclus de Fanor devaient défendre chèrement leur peau contre les humains fanatiques. Ils s’étaient mystérieusement retournés contre eux, au moment même où les portes de Fanor se refermaient. Le combat était terrible à un contre dix, mais Isend sous forme de Dragon Arc-en-Ciel parvint à extirper ses compagnons de cette masse de haine et de destruction.

 

C’est alors qu’apparurent les renforts qui perçaient au travers des rangs humains de façon prodigieuse. L’avant-garde de la Forêt de Sylvania, était enfin en vue des portes de Fanor. Les flèches fusaient hors du feuillage du Sylvanien (Treant) et éclaircissaient les rangs ennemis, tandis que les tireurs elfiques chantonnaient leur douce musique. Les frappes du Sylvanien provoquaient des trouées lui permettant de s’engager toujours plus avant.

 

Un commando de Rakastas bondissaient après leur chef, un Ogre-Lion, fauchant et dévorant avec fougue et détermination tout ce qui se présentait devant lui. De l’autre côté, un Ogre en armure menait ses orques à l’assaut couverts par les archers gobelins. Les deux groupes se retrouvèrent devant les portes. Se sachant alliés pour l’occasion, ils se disputèrent sur l’aptitude de chacun à enfoncer les portes massives.

 

Avec l’arrivée de ses renforts, les humains fanatiques perdirent du terrain. Et lorsque l’être au bois de cerfs apparut, le temps sembla même ralentir. Cet être, l’essence même de la Vie provoqua l’ouverture des portes et repartit comme il était venu. L’Armée de la Vie avait atteint son but trop tard. Les Hérauts de la Destruction étaient tout de même parvenus à entrer dans Fanor. La Vie ne pouvait pas entrer dans le Royaume de la Mort, seul le choix de chacun le permettait. Un choix difficile, car entrer dans le Royaume de la Mort, c’est reconnaître que l’on est déjà un peu mort, c’est refuser la vie. Seuls les aventuriers, héros d’une quête où la survie du monde est en jeu, eurent le courage de pénétrer dans Fanor, pour retrouver leur compagnon, pour que le chaos cesse, pour que le monde vive…

 

Les Choisis de l’Empereur arrivèrent enfin à une place dégagée circulaire au centre de laquelle flottait une sphère translucide contenant diverses ombres flottantes, le célèbre trésor de Fanor. Assis à califourchon au sommet de la sphère, se tenait Arnizar la Liche Runique, créée par Arawn et les autres Dieux Celtiques pour protéger les objets magiques de Fanor. Chaque dieu avait apporté sa rune de puissance pour créer ce gardien unique. Quinze runes couvraient son corps lui conférant pouvoirs et protections variées : Dédoublement, Immortalité, Régénération, Connaissance, Aura de Peur, Immunité à nombre d’éléments, au métal magique, aux sortilèges affectant l’esprit et le corps, et à la vie animale ou végétale. Triste malédiction pour Arnizar, auteur malgré lui de la chute des dieux celtiques.

 

Arnizar cherchait à être libéré et voyait peut être dans les aventuriers la fin de sa malédiction. Mais son rôle de gardien prévalait, il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour détruire ceux qui venaient le défier. Alors le combat commença... Ce fut bientôt non plus un mais deux gardiens qu’il fallait affronter. La puissance de l’Archimage gardien était très grande. Ses connaissances nécromantiques, telle que la Flétrissure Abominable d’Abi-Dhalzim, le Cri de la Banshee ou le Rideau de Mort firent des ravages. Les Choisis bientôt rejoint par les Exclus eurent énormément de mal à survivre face à une telle foison d’énergie. Un par un, ils tombèrent. Seul une poignée d’entre eux étaient encore en mesure de combattre. Les aventuriers venaient enfin de découvrir deux de ses points faibles : le bois et la toute puissance de l’air. L’Empereur Hrolf fut emprisonné dans un Labyrinthe duquel il sortit après un temps interminable pour achever le second gardien et accomplir la Prophétie. A la mort du Gardien, un flot d’énergie divine fut libéré qui fit disparaître tous les dommages subies lors de cette épreuve. Le Gardien n’était qu’une épreuve divine à passer rien de plus.

 

Personne ne remarqua que la Rune de Morrigan, conférant l’Aura de Peur, ne s’était pas activé et s’était même noircie en présence de l’Empereur. Personne ne remarqua non plus la disparition d’Eliadel, de Syrylène et d’Earendil juste avant le combat…

 

Enfin, le trésor de Fanor s’offrait au regard des mortels depuis le sinistre cataclysme. L’Empereur cherchait un instrument précis pour le détruire. Tel était le but de sa quête à Fanor. Il commença à fouiller… et il mourrut, poignardé à plusieurs reprises par le Duc Bragonde. Le temps s’était arrêté. Le doute s’était installé. Les aventuriers ne voulaient effectivement pas que Hrolf détruise le monde, mais mourir comme ça, assassiné dans le dos. Le doute les tenait. Ils étaient incapables de la moindre action, sauf un. A la vitesse de l’éclair, Arte bondit sur le criminel pour venger celui qu’il comprenait, celui en qui il voyait un mentor. Les paroles du Duc fusèrent, il avait fait ce qui tôt ou tard aurait dû être fait. De plus, l’Empereur était un guerrier exceptionnel et tout le monde le savait. Il fallait donc ne prendre aucun risque. Les aventuriers se rangèrent du côté du duc et tentèrent de s’interposer entre Arte et lui. Blicstkarg, en retrait, n’a jamais porté ce jeune duc arrogant dans son cœur, et libéra par mégarde Arte, de l’envoûtement qui le tenait prisonnier. La rage d’Arte était tangible, mais elle mourrut lorsque la vie s’écoula de son être. Le Duc Bragonde avait finalement frappé. Le coup d’épée porté par la force gigantesque que lui conférait sa ceinture transperça la barbare de part en part. Silence. Personne n’était intervenu. Arte était un compagnon étrange du groupe. Il n’avait pas d’intérêt, il ne calculait pas, il cherchait juste à se battre et survivre et se débarrasser de toute cette magie qui l’empoisonnait. Il était à ce titre tenu un peu à l’écart du groupe, utilisateur inconditionnel de la magie.

 

Les esprits étaient encore sous le choc, lorsque le duc expliqua qu’un des objets permettrait la sauvegarde du monde. Mais, le choc fut encore plus grand lorsqu’il leur dit que ces objets auraient malheureusement un autre usage et qu’il devait se les approprier. Ceux qui virent l’expression du visage du Duc à ce moment là, surent la peine, la douleur qu’il avait d’avoir annoncer cela. Quelque chose dans son regard trahissait l’immense tristesse qui le parcourait, ainsi que la sombre résolution de ne pas laisser échapper ces reliques.

 

Alors que les aventuriers se préparaient à avoir plus d’explication ou à faire payer l’outrecuidance du Duc, apparut un ennemi, engeance démoniaque issue des mondes inférieurs. Huit gigantesques insectoïdes reptiliens se matérialisèrent, des Mezzoloths. Leur chef, un Nycaloth, évoquait une énorme gargouille ursine et reptilienne brandissant une gigantesque Hache et un énorme bouclier. L’experience de la torture, de la douleur et de la haine transpiraient de leur être. Ils étaient le Mal. Ils se téléportèrent rapidement au contact et usèrent de magie du feu pour frapper. Isend testa immédiatement sa nouvelle forme divine d’Hollyphant, dont le souffle de particules bénites permit de se débarasser d’une bonne moitié des Daemons et de faire fuir leur chef. Le Paladin d’Ukko avait le choix. Tout son être le poussait à aller au contact pour abattre l’ennemi juré du bien, mais qu’adviendrait-il si jamais les monstres s’emparaient du trésor ? Envolés alors les espoirs de sauvegarder le monde. Il se campa alors au niveau du trésor décidé à empêcher toute créature démoniaque de s’en approcher. Ukko était avec lui. Sa foi matérialisait un cercle de protection contre le mal que nul démon pouvait franchir. Et de sa lame, il anéantissait les sortilèges démoniaques.

 

Le Duc Bragonde profita de l’arrivée de ces créatures pour se mettre à l’écart. Il cherchait à ne pas intervenir et il prit les précautions nécessaires. Gil Mac Manaban était près du but. La Prophétie commençait à s’accomplir. Fanor sa quête de toujours était enclenchée. Sur lui reposait les espoirs des Dieux Celtes. Mais que font ses compagnons ? Pourquoi restent-ils campés sur leur position ? Trop souvent, il était sur le front, au contact, prenant des coups. Trop souvent, il attendait des renforts qui tardaient à venir. Gil était un soldat. Il savait ce qu’il avait à faire. Il prit le Gantelet élementaire du corps de l’empereur et se téléporta derrière le Duc Bragonde. Celui-ci se retourna juste à temps et encaissa les premiers coups qui abattirent sa protection magique. Le Duc riposta et blessa Gil. Bragonde savait qu’il ne tiendrait pas longtemps face à l’endurance de Gil qui donnait des coups à une vitesse fulgurante. Un coup lui avait arraché pratiquement la moitié de l’abdomen. Un autre coup serait fatal. La chance était avec le Duc ce jour-là. Un faux pas fit chuter Gil qui subissait également des blessures profondes. Lui non plus ne resisterait pas longtemps. Mais la magie du Gantelet était enclenché. Il ne pouvait plus rompre le combat. Il devait vaincre ou mourir. Il se releva et frappa…et perdit à nouveau l’équilibre. Tout était fini, Gil le savait. Le Duc Bragonde avait tué de sang-froid plusieurs fois aujourd’hui, d’abord Hrolf, puis Arte. La peur le tenaillait. Il frappa…

 

La magie des daemons commençait à porter ses fruits. Déjà, Juma était hors de combat. Les Piliers de Feu et Mains Brûlantes sappaient petit à petit la vigueur des aventuriers. L’assaut de magie de Celestyr, Loo Si Ming et Blicstkarg conjugués ne parvenait pas à outrepasser la résistance magique des daemons. Gil était en difficulté, il fallait l’aider. Ceux qui tentèrent se heurtèrent à un mur de force… Ils virent Gil mourir. Le moral des daemons faiblit, déjà leur chef s’était eclipsé. Un dernier Mezzoloth suivit l’exemple de son chef et le combat fut terminé. Le Duc Bragonde avait disparu également, envolé avec lui, les possessions de Gil, mis à part le Gantelet Elementaire. Le corps de Gil gisait au sol. La magie du Gantelet était telle que son porteur mort, il n’y avait aucun moyen de le ramener à la vie. Arawn, Protecteur du Royaume des Morts accueillit Gil Mac Manaban. Hrolf, Arte et lui rejoignirent les morts de Fanor…

 

Les aventuriers restant pansèrent leurs plaies et examinèrent plus attentivement les objets. Arawn par l’intermédiaire de Hrolf le mort s’entretint avec eux et leurs fournit quelques indications. Etonnament, il ne désire pas la destruction du monde, pourtant pour une divinité de la mort, cela permettrait d’augmenter considérablement les rangs des morts. Mais, les êtres détruits au cœur de l’Astral ne seraient pas sous la coupe d’Arawn. Pour sauvegarder le monde, il est nécessaire de revenir avant le cataclysme, au temps où Arnizar vivant dirigeait la Cité de Fanor. Il faut à tout prix empêcher Arnizar d’invoquer l’Indicible.

 

Les aventuriers firent appel à un des magiciens mort de Fanor qui connaissait l’usage de chaque objet. Ils découvrirent entre autres une machine à remonter le temps, le marteau de Kharas, la bras droit d’Ergoth, la lame « Egaliseur » et le sablier des Mages. Ils durent à contrecoeur lui léguer quelques objets. La machine à remonter le temps fut montée, prête à envoyer les héros dans le passé. Et le partage commença… 

  

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